Horizon Europe: «Un accès plus simplifié pour plus de compétitivité»
Anne Calteux, représentante de la Commission européenne au Luxembourg, a présenté lors du Horizon Europe Day organisé par Luxinnovation, les dernières évolutions du programme-cadre européen de financement de la R&D.
Jean-Michel Gaudron
L’événement Horizon Europe Day 2025 a réuni une centaine de participants le jeudi 11 décembre à Esch-Belval.
Ce rendez-vous annuel détaille comment le programme-phare de financement de la recherche et de l'innovation de l'UE peut soutenir tous les acteurs luxembourgeois au long de leur parcours d'innovation, allant de la recherche à la mise sur le marché.
«Horizon Europe est l'un des principaux instruments de l'UE pour répondre aux transitions qui façonnent notre avenir commun», a rappelé Philippe Mayer, CEO adjoint de Luxinnovation en ouverture de la conférence.
La participation du Luxembourg à Horizon Europe a déjà permis d'obtenir près de 250 millions d'euros de financement, couvrant près de 400 projets, avec un taux de réussite supérieur à la moyenne européenne. «Plus de la moitié de ce financement est reversée à des organisations privées, démontrant un fort engagement commercial et confirmant la position du Luxembourg dans le paysage européen de la recherche et de l'innovation.»
Cet Horizon Europe Day 2025 a également donné l’occasion à Anne Calteux, Responsable de la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, de détailler la feuille de route des deux dernières années de fonctionnement de l’actuelle édition du programme Horizon Europe.
Madame Calteux, la Commission européenne vient de publier le programme de travail Horizon Europe pour les années 2026-2027. Quelles en sont les grandes nouveautés?
«Tout d’abord, un programme simplifié. La simplification est un souci permanent au niveau de la Commission européenne. Il y a encore trop d’entreprises qui n’osent pas déposer un dossier pour un appel Horizon Europe, car elles trouvent que c’est trop compliqué. C’est pourquoi nous avons revu les modalités de ce programme fort de EUR 14 milliards.
Nous proposons désormais des processus simplifiés, avec moins de détails demandés aux postulants, un nombre plus restreint de sujets et moins de reporting. Nous nous sommes en effet rendus compte, au fil des ans, que tous ces aspects étaient de nature à freiner l'attractivité de l'offre européenne de financements.
Le maître-mot pour 2026 et 2027 sera ‘compétitivité’. Anne Calteux
Ensuite, c’est un programme davantage en phase avec l’agenda politique. Nous souhaitons évidemment qu’il y ait toujours plus d’entreprises qui participent aux appels à projets et qui contribuent à mettre en œuvre, sur le terrain, les ambitions et les priorités politiques de la Commission. C’est pour cela que nous avons introduit les -horizontal calls-, des appels centrés autour de l’industrie décarbonisée et de l’IA, un moyen de s’assurer que la recherche soit alignée par rapport aux priorités stratégiques.
Le maître-mot pour 2026 et 2027 sera ‘compétitivité’. Parce que sans compétitivité, il n'y a pas de développement de l’emploi. Sans compétitivité, nous n’arriverons pas à rattraper le retard que nous avons accumulé, notamment dans le domaine de l'innovation, par rapport à d'autres parties de ce monde comme les États-Unis ou la Chine. L’Europe a besoin d’un environnement propice à l’innovation et à ceux qui y contribuent.
Cette volonté ne vise pas que les entreprises, mais aussi le monde de la recherche pure...
En effet, nous voulons mettre à disposition des chercheurs davantage de moyens pour qu’ils puissent s’épanouir en Europe, plutôt que de s’orienter ailleurs. Nous savons que, par exemple, les États-Unis leur offrent un accès à des moyens assez importants, ce qui les rend évidemment plus attractifs. Nous voulons changer la donne et faire en sorte que les chercheurs restent ici, en Europe, et même que nous puissions en attirer de nouveaux.
Cela s’inscrit aussi dans cette volonté de renforcer cette compétitivité. L’initiative ‘Choose Europe for Science’ prévoit ainsi des opportunités de co-financement stables et l’accès à des facilités ‘cutting edge’ avec un budget de EUR 500 millions.
Et n’oublions pas l’Action Marie Skłodowska-Curie qui alloue EUR 50 millions à des programme de post-doctorat ou encore à la relocalisation en Europe de chercheurs.
Quels seront les domaines que vous voulez privilégier?
Nous allons par exemple favoriser les projets de recherche et d'innovation permettant de produire davantage d'énergie verte et de technologies propres. Nous allons également appuyer tous les projets qui vont nous permettre de développer l'intelligence artificielle d'une manière responsable et innovante en Europe.
Je note d’ailleurs que le Luxembourg est en train de se positionner de manière très ambitieuse dans ce domaine, et je crois que c’est une réelle opportunité bien comprise par le gouvernement, qui a présenté plusieurs stratégies complémentaires en matière d’IA, de données et de quantique.
Pour ces deux dernières années du programme Horizon Europe, nous allons nous concentrer à travailler sur l’excellence scientifique, portée notamment par le Conseil européen de la Recherche (ERC) ; la compétitivité au travers de six clusters ** ; et l’innovation soutenue par le Conseil européen de l’innovation (EIC). Les premiers calls s’ouvriront très bientôt, alors il ne faut pas perdre de temps.
Cela permettra de faire le lien avec le prochain programme qui couvrira la période 2028-2034…
En effet, le programme-cadre Horizon Europe 2028-2034 s’appuiera sur les acquis de ses prédécesseurs, en développant ce qui fonctionne, en simplifiant ce qui est possible et en concentrant les investissements là où l’Europe en a le plus besoin, en tenant compte du contexte géopolitique tendu. Il sera étroitement lié au Fonds européen pour la compétitivité et sera doté d’un budget de EUR 175 milliards, soit près du double de l’actuel programme-cadre.
La recherche et l'innovation seront plus que jamais la clé de voûte du projet européen pour les années à venir. Anne Calteux
Il s’appuiera sur quatre piliers: excellence scientifique; compétitivité et société; innovation et espace européen de la recherche. La partie ‘compétitivité’ sera dotée, à elle seule d’un budget de EUR 75,9 milliards, soit plus de 40% du budget global. Elle visera notamment quatre grands domaines: transition propre et décarbonation de l’industrie; santé, biotechnologies, agriculture et bioéconomie; leadership numérique; et résilience et sécurité, industrie de la défense et espace.
Tout cela démontre une forte volonté politique de la Commission européenne de porter beaucoup plus en avant de l’agenda et de développer la recherche et l'innovation, qui seront plus que jamais la clé de voûte du projet européen pour les années à venir. Des acteurs comme Luxinnovation sont indispensables pour guider ceux qui participent aux appels et pour ainsi faire la différence sur le terrain.