Défense: un écosystème en mouvement

Le Luxembourg Defence Technology and Innovation Day, qui s’est tenu début décembre, a confirmé le dynamisme d’un secteur devenu essentiel à l’échelle internationale.

Quelque 400 personnes ont assisté, le mardi 9 décembre, à la deuxième édition du Luxembourg Defence Technology and Innovation Day, co-organisé par Luxinnovation et la Direction de la Défense du Luxembourg, avec le soutien précieux de SES, Ceratizit et Euro-Composites. Un événement qui a désormais toute sa place dans un paysage des technologies de défense en plein développement au Luxembourg. 

Un chiffre illustre parfaitement cette croissance: en 2022, la toute première édition du catalogue «Luxembourg Industry and Research Capabilities for Security & Defence» ne comptait qu’une quarantaine d’entreprises et organisations. La dernière édition, présentée en juin dernier à l'occasion du Salon international de l'aéronautique et de l'espace, en comptait 109. 

Nous voulons transformer les besoins en sécurité en opportunités industrielles durables créant des emplois, de l'innovation et de la valeur pour notre pays. Mario Grotz, CEO de Luxinnovation

«Cette croissance reflète le dynamisme du secteur et sa visibilité croissante auprès des acteurs économiques», s’est félicité Mario Grotz, le CEO de Luxinnovation, en ouverture de ce Luxembourg Defence Technology and Innovation Day. «Nos initiatives reposent sur des cadres éthiques et juridiques solides, visant à transformer les besoins en sécurité en opportunités industrielles durables créant des emplois, de l'innovation et de la valeur pour notre pays.» 

Ces dernières années, dans un contexte géopolitique très tendu et changeant, les pouvoirs publics ont soutenu une croissance active des efforts R&D en matière de sécurité et défense, que ce soit dans le cadre national, européen ou celui de l’Otan. «Les événements, comme celui d'aujourd'hui, sont d'une importance capitale pour renforcer l'interaction entre les secteurs privé et public», a insisté la ministre de la Défense Yuriko Backes. «Ils permettent un échange d'informations entre des experts des deux côtés, le gouvernement, ses forces armées et des entreprises commerciales. C'est crucial pour que nous soyons conscients de nos besoins communs.»

Renforcer l'interaction entre les secteurs privé et public. Yuriko Backes, ministre de la Défense.

La richesse et la variétés des savoir-faire et compétences exposés par une cinquantaine d’entreprises, mais aussi le haut-niveau des présentations et panels illustre parfaitement la large palette des préoccupations et besoins des entreprises et institutions engagées dans ce segment économique: l’utilisation de matériaux avancés et durables, les enjeux des systèmes autonomes et de l’intelligence artificielle, la cybersécurité ou encore les instruments de financement nationaux et européens dont peuvent bénéficier les acteurs concernés. 

Yuriko BackesUn nouveau fonds européen pour la compétitivité

Sur ce dernier point, les soutiens nationaux et européens ne manquent pas, notamment à l’échelle internationale. «Il y a une grande volonté de la part de l’Union européenne de continuer à investir dans la défense et de s’adapter au rythme actuel des innovations, avec des nouveaux programmes qui sont en réflexion ou qui sont sur le point d’être lancés», témoigne Rebecca Damotte, Defence Innovation & Technology Advisor chez Luxinnovation. «Il y a une prise de conscience de certains manques actuels, notamment dans l’accompagnement financier des scaleups et la mise sur le marche de nouvelles technologies.»

C’est dans cette logique que la Commission européenne a lancé l'idée du Fonds européen pour la compétitivité, qui prévoit, à partir de 2028, de consacrer notamment EUR 131 milliards au volet défense/sécurité. Un nouveau support financier, dans la continuité de ce qui existe actuellement, et qui va consolider tous les autres mécanismes – notamment le Fonds européen de défense –actuellement en place. L’objectif est, à la fois, de rendre les processus plus simples et efficaces, mais aussi de pouvoir suivre et soutenir les entreprises sur l’ensemble de leurs parcours, depuis la première idée jusqu’au développement sur les marchés. «Il y a une réelle volonté de travailler sur le long-terme», note Mme Damotte. 

Il y a une prise de conscience de certains manques actuels, notamment dans l’accompagnement financier des scaleups et la mise sur le marche de nouvelles technologies. Rebecca Damotte, Luxinnovation

Le NATO Innovation Fund, pour sa part, continuera son action, couplée à celle de l’accélérateur DIANA.

Revenir à une chaîne d’approvisionnement locale

La dimension «durable» a également été largement discutée tout au long de la journée. Avec un consensus largement rencontré par les entreprises interrogées: il est de première importance de développer une chaîne d’approvisionnement de matériaux locale et résiliente. «On doit clairement se détacher de la dépendance des pays en dehors de l’Union européenne», note Caroline Muller, Business Relationship Manager - défense chez Luxinnovation. D’où l’intérêt de développer des chaines de circularité et de recyclage pour certains matériaux.»

On doit clairement se détacher de la dépendance des pays en dehors de l’Union européenne. Caroline Muller, Luxinnovation

Car même si l’impact environnemental n’est pas toujours une priorité de la part des donneurs d’ordre dans le domaine de la sécurité et de la défense, il n’en demeure pas moins une réelle volonté de la part des entreprises d’être plus vertueuses et d’apporter leur écot à la préservation des ressources et de l’écosystème industriel locaux. «On ne peut évidemment pas demander aux grands industriels de changer tous leurs process du jour au lendemain, mais il y a clairement une prise de conscience de la part des nouvelles générations d’entreprises à la recherche de technologies et de matériaux permettant le recyclage et l’intégration dans une économie circulaire.»

Rebecca Damotte et Caroline MullerUn agenda bien rempli en 2026

Plusieurs rendez-vous sont d’ores et déjà inscrits à l’agenda de la communauté luxembourgeoise de la sécurité et de la défense, en attendant la 3e édition du Luxembourg Defence Technology and Innovation Day attendue pour la fin de l’année. 

Ainsi, dès le 23 février, une journée d’information dédiée aux derniers calls du Fonds européen de défense sera organisée par Luxinnovation, autour des grandes priorités alignées sur les besoins stratégiques européens : cybersécurité, espace, résilience énergétique, technologies terrestres, santé militaire et interopérabilité.. Puis se tiendra l’édition 2026 d’Eurosatory, le salon de référence mondial pour la Défense et la Sécurité, rassemblant les acteurs clés de l’écosystème international, du 15 au 19 juin à Paris Nord Villepinte. 

Cet automne, ensuite, marquera le lancement du quatrième appel à projets de recherche et développement (R&D) conjoint en vue d’encourager l'innovation et les compétences dans les technologies de défense. Une initiative issue d'une coopération au niveau national entre la Direction de la défense, le ministère de l'Économie, le ministère de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, en collaboration avec le Fonds national de la recherche (FNR) et Luxinnovation.

Le budget alloué au premier appel en 2022 avait été d’EUR 9,5 millions sur trois ans. De nombreux projets liés aux matériaux avaient été sélectionnés. En 2024, le deuxième appel avait vu son budget augmenté à EUR 13,8 millions avec des domaines de recherche plus diversifiés. Enfin, cette année, cet appel est officiellement devenu annuel, avec des budgets dédiés passant de plus de EUR 11 millions d'euros en 2025 à plus de 15 millions en 2027.

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