Le Gouvernement du Grand-Duché du Luxembourg

Les modes de construction vont devoir s’adapter

La conférence «Construction durable pour des villes résilientes 2.0» du 23 mai dernier a mis en avant la nécessité de revoir les process et les habitudes. Dans cette optique, un effort collectif est demandé, aussi bien dans le secteur public que privé.

Faire le point sur la situation; discuter et partager les meilleures pratiques; présenter des exemples innovants et des technologies nouvelles et identifier les priorités du secteur et les opportunités de fédérer les initiatives pour accélérer la transition vers une construction plus durable: La conférence «Construction durable pour des villes résilientes 2.0», rappelées en ouverture de la session par Lucien Hoffmann, Directeur du département Environnement au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). 

Cet événement, qui a réuni quelques 180 personnes le 23 mai dernier dans le bâtiment Neobuild à Bettembourg, était organisé conjointement par Neobuild, le LIST et Luxinnovation. Comme un symbole pour mettre en exergue une des thèmes-clés abordés dans les différents échanges: celui de la collaboration, de la coopération entre tous les acteurs, qu’ils soient publics ou privés. 

Soutien réglementaire

Cela relève de l’évidence quand on considère la vaste étendue de la chaîne de valeur du bâtiment, depuis la production initiale des matériaux jusque la déconstruction des immeubles, en passant par la construction en elle-même. Chaque maillon de cette chaîne a impact sur environnement. «Le défi consiste à accompagner entreprises et pouvoirs publics dans le développements de solutions, accéder à de nouvelles connaissances dans les domaines stratégiques et travailler sur des lignes d’innovation avec un soutien réglementaire», a expliqué Paul Schosseler, Directeur Construction durable et Économie circulaire au ministère de l’Économie. 

À ses yeux, ce défi est à relever en combinant trois types d’outils: le cadre législatif et normatif, les taxes et subsides et la gestion des connaissances. La nouvelle européenne directive sur la performance énergétique des bâtiments, adoptée en mars dernier, impose un agenda très serré, puisque tous les nouveaux bâtiments devront être à zéro émissions à partir de 2030 (et même 2028 pour les nouveaux bâtiments publics). 

La «Feuille de route construction bas carbone» présentée par le gouvernent au début de l’été dernier, s’inscrit dans cette dynamique. 

La dimension sociale

Au-delà de ces normes purement «techniques», le volet humain doit également être pris en compte, aux deux bouts de cette chaîne. «Il y a une vraie dimension sociétale dans le fait, par exemple, de pouvoir fournir un environnement sain aux utilisateurs des bâtiments», a rappelé Pit Kuffer, délégué de l'Ordre des Architectes et des Ingénieurs-conseils (OAI). Il faut trouver des solutions pour impliquer ouvriers et salariés dans les processus de décision. À côté de la valeur financière qui est créée, il faudrait mettre un prix sur la valeur sociale.»

Du reste, la problématique des ressources est de plus en plus prégnante au sein du secteur, comme a pu le constater Max Didier, administrateur du Groupement des Entrepreneurs. «À moyen terme, nous craignons un vrai problème de disponibilité des ressources d’ici à 3-4 ans. Beaucoup de salariés du secteur ont quitté le secteur pour faire autre chose, ou bien ont quitté le pays. On parle de développer de nouveaux logements dans les prochaines années, mais aura-t-on encore des ressources pour le faire?»

Inflation des contraintes

Alors que le secteur de la construction traverse une période délicate, avec un forte hausse des faillites et une flambée des prix, il convient, aux yeux de bon nombre des intervenants, de changer de paradigme et d’habitudes. «On ne peut pas continuer dans le même mode et vouloir solutionner les problèmes avec les mêmes solutions qui ont créé les problèmes», a prévenu M. Kuffer.

Samuel Majerus, Partner chez LSC et Managing Director chez LSC-ENV, a pour sa part constaté l’inflation des contraintes: «Un maître d’ouvrage doit jongler avec plein de différents objectifs et visions. Il doit être le plus durable possible et le moins cher possible, tout en respectant les réglementation et, au final, proposer une maison qui pourra se vendre! Ce sont des objectifs qui sont contradictoires… Il faut alors faire des choix en fonction des objectifs initiaux et s’y tenir, sans retomber dans les mauvaises anciennes habitudes en fin de projet».

Faire coexister les temporalités

Dans ce contexte, la dimension «recherche» revêt une importance particulière. Le LIST, depuis de nombreuses années, travaille sur des projets en lien avec l'utilisation du numérique dans le bâtiment, l'analyse du cycle de vie d'un bâtiment et économie circulaire ou encore les matériaux intelligents et bio-sourcés. Il est par exemple partie prenante dans le projet européen «SmartBuilt4EU – The European Smart Building Innovation Platform” qui vise notamment à faciliter l'échange d'informations entre les projets financés par l'UE et les initiatives nationales dans le domaine des bâtiments intelligents.

Là aussi, les défis à relever ne manquent pas. «Le Luxembourg a raté le virage de la digitalisation il y a 15 ans», a regretté Sylvain Kubicki, Lead Research and Technology Associate au LIST. «C’est évidemment un problème, puisque cette digitalisation était censée être assez rapide et permettre d’aller plus loin, d’être plus efficace et rapide. Cela constitue, aujourd’hui, un frein aux démarches d’innovation. À cela s’ajoute une autre dimension spécifique au domaine de la recherche : la temporalité des programmes de recherche n’est pas toujours celle des projets de construction. Il est difficile parfois de faire coexister les deux. »

Valoriser les efforts des entreprises 

Pas de doutes, pourtant, selon Julien Bertucci, Responsable Développement durable et innovation à la SNHBM, «c’est quand on traverse une période de crise qu’il faut innover le plus. Et c’est par la digitalisation que l’on va inventer les nouvelles sources techniques et technologiques on innove le plus. D’où la nécessité de mettre en œuvre davantage de projets-pilotes de référence, en s’appuyant aussi sur les financements européens.»

En tout état de cause, comme l’a résumé Bruno Renders, Administrateur-délégué général au Conseil pour le développement économique de la construction, «Les modes de construction vont devoir s’adapter. Il faut désormais valoriser les efforts des entreprises qui montrent l’étendue de tout ce qu’il est possible de faire». 

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