Façonner l'avenir de la défense avec l’OTAN
L’Organisation du traité de l’Atlantique-nord est fortement engagé dans les innovations à double usage et propose de solides outils d’accompagnement ou de financements.
Jean-Michel Gaudron
C’est au début de l’été 2022 que le Fonds d’innovation de l’OTAN, le premier fonds de capital-risque multi-souverain au monde, a été officiellement lancé. Doté d’une enveloppe d’un milliard d’euros, il est destiné à investir dans des startups en phase initiale et d'autres fonds de capital-risque développant des technologies émergentes à double usage prioritaires pour l'OTAN. Cela inclut l'intelligence artificielle, le big data, les technologies quantum, les biotechnologies ou encore les matériaux l’énergie et le spatial.
Ce fonds complète l'accélérateur DIANA (Defence Innovation Accelerator for the North Atlantic)) qui soutient le développement et l'adaptation de technologies stratégiques émergentes à double usage face à des défis critiques en matière de sécurité et de défense.
Diana dispose de deux bureaux régionaux à Londres (Royaume-Uni) et à Halifax (Canada) ainsi qu’une antenne régionale à Tallinn (Estonie). Il est composé de 17 sites d’accélération et 182 centres d’essais répartis à travers le monde.
Depuis 2024, une sélection d'installations d'innovation du Luxembourg font partie du réseau.
«Nous basons notre mission sur le modèle Rapido (Readiness and adoption pathway for innovation in defence oriented-use), qui est un modèle d'innovation à double usage, mesurable et fondé sur des preuves», explique Adam Painter, conseiller commercial senior au sein du réseau DIANA.
Les startups hébergées dans l’un des accélérateurs de DIANA affichent une croissance moyenne de 73% de leurs chiffres d’affaires et plus d’un millier de mise en relations a été possible entre les innovateurs et les acteurs-clés de l’écosystème (investisseurs, gouvernements, utilisateurs finaux).
Agir vite et bien
«En trois ans, plus de 120 startups ont été accélérées, ce qui représente une très grosse activité en peu de temps», s’est réjoui Nikos Loutas, directeur de l’innovation à l’OTAN, lors des derniers Luxembourg Venture Days, mettant en avant les «financements significatifs» obtenus ces dernières années. «Le rôle des venture capitalists est plus important que jamais et il est important de s’assurer que tout le monde a des opportunités égales et que les entreprises aient accès à suffisamment de capitaux».
Dans ce contexte, agir vite et bien est une des clés de la réussite des projets. «Nous devons réduire le gap entre les technologies et les cycles de vie des produits».
Le rôle des venture capitalists est plus important que jamais. Nikos Loutas, OTAN
Outre son poids financier de EUR 1 milliard, Le Fonds d’innovation de l’OTAN dispose de solides fondations, avec le soutien de 24 États membres de l’OTAN et des institutions-clés de l’Union européenne tels la Banque européenne d’investissement et son bras VC le Fonds européen d’investissement. Cela lui permet de soutenir des technologies stratégiques prometteuses et de développer la capacité de marché grâce à la construction d’écosystèmes.
Focus sur les deeptechs
Le fonds peut aussi s’appuyer sur le conseil de bon nombre d’experts de l’industrie spécialement dédiés. «Nous nous concentrons notamment sur les deeptech. Il est essentiel que les investisseurs savent de quoi il est question. D’où un important travail d’information et de sensibilisation», explique Sander Verbrugge, associé du NATO Innovation Fund.
Parmi ces deeptech, Aquark Technologies fait figure de pionnier dans le mécanisme de financement de l’OTAN. Cette spin-off de l'Université de Southampton spécialisée dans la production de composant pour les technologies quantiques, a été la première société hébergée par DIANA, à recevoir, en septembre 2024, un soutien financier du Fonds d'innovation de l'OTAN, aux côtés d’investisseurs privés, pour un montant de EUR 5 millions.
La société a notamment développé un piège à atomes froids avec un haut rendement et sans champ magnétique, ce qui permet de réduire la taille, le poids, la consommation d'énergie et le coût des capteurs. Une technologie mobile et robuste, qui peut être utilisée sur des terrains isolés et difficiles comme sous l'eau et dans les airs. «Les champs d’application sont immenses. Nous en découvrons tous les jours de nouveaux», témoigne Alex Jantzen, Co-founder et COO d’Aquark Technologies. «La plupart permettent d’aider à protéger les infrastructures critiques qui soutiennent la sécurité des entreprises et des nations.»