Le projet européen visant à mettre en œuvre un accélérateur de la transition écologique au sein de la Grande Région, a officiellement été lancé le 26 septembre dernier.
Jean-Michel Gaudron
C’est à l’occasion du GreenTech Solutions S
ummit, organisé dans les locaux de l’Institut de formation sectoriel du bâtiment (IFSB) à Bettembourg le 26 septembre dernier, que le projet européen Greater Green+ a été officiellement lancé, en présence de plus de 200 personnes.
Avec le soutien de l'Union européenne au travers du FEDER, par le programme Interreg Grande Région 2021-2027, le projet Greater Green+ a pour ambition de faire de la Grande Région un territoire leader de la transition écologique au service de l’économie circulaire et du développement durable.
Ce projet, qui s’articule autour de cinq thématiques (énergie; construction et rénovation durable; technologies de recyclage; eau et environnement; bioéconomie), dispose d’ici à 2028 d’un budget de 6,5 millions d’euros, mobilisant 11 partenaires financiers et 19 partenaires méthodologiques. Il vise, notamment, la création d’une plateforme dédiée aux greentechs, avec le précieux accompagnement de Luxinnovation, qui apportera ses outils de mapping sectoriels développés pour le Luxembourg, pour servir de base à cette initiative.
«La présence en nombre de représentants des quatre pays de la Grande Région à cet événement montre à elle seule l’esprit de collaboration et de partage qui anime ce projet Interreg», s’est réjouie Sasha Baillie, la CEO de Luxinnovation. «La mise en place de cette plateforme, portée par l'ensemble des partenaires, va aider à l’aboutissement de projets collaboratifs et/ou de transferts de technologie transfrontaliers, ainsi qu’à la structuration de ces projets». Et de rappeler que la cartographie des facilitateurs de durabilité créée par Luxinnovation il y a presque deux ans a servi de source d'inspiration pour ce modèle.
Les startups et PMEs greentechs ont besoin d’un accompagnement ciblé pour se développer et atteindre une échelle qui puisse avoir un véritable impact. Saha Baillie, Luxinnovation
Les enjeux du développement des greentechs vont au-delà des seules questions environnementales, a également rappelé Mme Baillie. «Ils touchent à la transformation économique et sociale, car l'innovation verte représente un secteur en pleine expansion qui offre des opportunités économiques significatives, crée des emplois et stimule les économies locales. Pour cela, les startups et PMEs greentechs ont besoin d’un accompagnement ciblé pour se développer et atteindre une échelle qui puisse avoir un véritable impact. C’est tout l’enjeu d’un tel projet Greater Green +.
«Dès la fin du projet Greater Green, en 2020, nous avions dans l’idée de présenter une extension plus ambitieuse et plus structurante, afin de mettre en place ce qui n’avait alors pas pu l’être. Nous avons conservé cette belle dynamique», a expliqué Bertrand Simon, responsable des projets européens au sein de l’agence d’innovation et de prospection internationale du Grand Est (France) Grand E-Nov+. «Nous visons de mettre en place un écosystème d’accompagnement sur les différents territoires pour accélérer la transition écologique et la résilience économique par le développement des greentechs au service de l’économie circulaire.»
Les retombées attendues de ce projet sont nombreuses. Jacques Thill, Ministère de l’Économie, des PME, de l’Énergie et du Tourisme
L’objectif, ambitieux, est de référencer 800 solutions sur la future plateforme dédiée aux Greentechs, d’y récolter une trentaine d’idées de projets collaboratifs et d’en initier une dizaine, en «bénéficiant d’opportunités de collaborations technologiques et/ou commerciales transfrontière /européennes», comme l’a rappelé Alexandre Folmer, chef de projet Greater Green+ chez Grand E-Nov+.
«Les retombées attendues de ce projet sont nombreuses», a expliqué pour sa part Jacques Thill, Coordinateur de la politique de l'économie numérique et des données au sein du ministère de l’Économie, des PME, de l’Énergie et du Tourisme. «Il favorisera l’émergence de projets collaboratifs sur des problématiques communes dans ces domaines-clés, tout en renforçant le réseautage entre les entreprises, les centres de recherche et les institutions. Il génèrera, en outre, des collaborations transfrontalières innovantes et améliorera l’accès des entreprises et des territoires aux écotechnologies».
La mise en place d’une base de connaissance interrégionale et une augmentation de la visibilité des solutions greentechs, tant au niveau local qu’international, font également partie des objectifs affichés dans le cadre de cette initiative. «Au Luxembourg, ce projet aura un impact significatif en favorisant la circulation de l’information, le réseautage intensifié, et le développement des entreprises locales».
C’est ensemble que nous pouvons réaliser des résultats au-delà des frontières et vivre une Europe plus verte. Michael Hauer, ministère de l'Action pour le climat, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mobilité du Land de Rhénanie-Palatinat
La dimension transfrontière du projet Greater Green+ a été au cœur de toutes les discussions et échanges lors de cette conférence. «Travaillons main dans la main. C’est ensemble que nous pouvons réaliser des résultats au-delà des frontières et vivre une Europe plus verte», a insisté Michael Hauer, Secrétaire d'État auprès du ministère de l'Action pour le climat, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mobilité du Land de Rhénanie-Palatinat. «Les 30 partenaires du projet sont les piliers de ce programme ambitieux. Mais ce n’est pas un projet, mais un marathon. Les conditions du changement climatique exigent des actions concertées et des partenariats solides. Nous ne pouvons pas créer cette infrastructure seuls ni mettre en œuvre ce projet seuls».
Les enjeux financiers sont de taille au vu des chiffres avancés par M. Hauser: selon le grand groupe de réassurance Munich RE, un des plus importants au monde, plus de 90% des dégâts liés au changement climatique ne sont actuellement pas assurés au niveau mondial.
Le projet Greater Green+ ne se contente pas de répondre aux défis actuels, mais anticipe également les futurs enjeux pour mieux répondre à la crise climatique. C’est ce qu’a souligné Juliane Fromm, en charge des affaires transfrontalières et des projets Interreg au ministère luxembourgeois de l’Energie et l’Aménagement du territoire. «Ce n’est pas un projet pour aujourd’hui, mais pour les générations futures, enfants et petits enfants qui vivront dans une Grande Région plus verte, plus prospère et plus propre. Chaque région et chaque territoire a un rôle crucial à jouer dans cette lutte contre le réchauffement climatique ».
Les frontières ne sont pas des barrières, mais deviennent des ponts vers la transition écologique. Juliane Fromm, ministère luxembourgeois de l’Energie et l’Aménagement du territoire
À ses yeux, au sein d’un territoire unique comme peut l’être la Grande Région, les frontières ne sont pas des barrières, «mais deviennent des ponts vers la transition écologique indispensable. Vous avez aujourd’hui devant vous une opportunité unique de contribuer à cette transition et de mettre en place un modèle de collaboration dont d’autres territoires pourront s’inspirer à l’avenir.»
Jusqu’au 13 novembre, le deuxième «appel à petits projets» (à destination des petite structures ayant une idée d'action citoyenne et transfrontalière) est ouvert, en attendant le 4 novembre, le lancement, à grande échelle, du 3e «appel à projets classiques» (qui mettent en œuvre des actions transfrontalières dont les retombées sont au bénéfice du territoire de coopération du programme) qui s’étendra jusqu’au 20 décembre 2024.
