Fruit d’un travail collaboratif intense, ce bâtiment érigé à Belval est un modèle en termes de circularité et de… déconstruction.
Le contraste est saisissant. En face de l’imposante Maison du Savoir, qui abrite l’Université du Luxembourg du campus de Belval, trône désormais la «Petite maison», un projet architectural collaboratif sur le thème de la circularité, officiellement inauguré le vendredi 16 septembre.
Petite Maison est construite avec des matériaux de récupération, de seconde main ou recyclés, ainsi qu’avec des matériaux, produits et matières premières renouvelables et/ou à haut potentiel de réutilisation. Il comprend plus de 500 éléments de construction.
Exprimé ainsi, le concept a l’air basique, mais la réalisation finale est tout de même le fruit de trois années de travaux intensifs et de collaboration entre chercheurs, étudiants et professeurs de l’université et des centres de recherches, organisations publiques et privées, bureaux d’étude, entreprises et fournisseurs. Au total, une quarantaine de partenaires, publics et privés, ont été impliqués.
Le projet a été conçu et réalisée sous la direction de l’architecte Carole Schmit, en collaboration directe avec l’Université du Luxembourg et avec le soutien, notamment, du LIST et de Luxinnovation.
«Cette inauguration, c’est vraiment un événement très spécial», a explique le recteur de l’Université, Stéphane Pallage. «Dans la continuité d’une idée initiée par l’architecte Le Corbusier il y a quelques années, cette Petite maison relève le défi d’une construction totalement circulaire, et pour une somme modique. Tout est récupérable et réutilisable! Elle peut être démontée et reconstruite ailleurs. Cela constitue une agilité intéressante pour le Luxembourg, voire l’Europe et, qui sait, une amorce de solutions à certains de nos problèmes liés au logement».
Le projet a été soums, en 2019, dans le cadre de la préparation à l’année européenne de la Culture Esch2022, et a tout de suite séduit les responsables de ce gigantesque événement culturel. «Un projet mettant en avant la circularité et la durabilité est forcément pertinent à nos yeux, puisque nous nous appuyons aussi sur ces valeurs», a indiqué Françoise Poos, directrice de la programmation culturelle d’Esch2022. «Belval est un lieu fascinant à la croisée du passé, du présent et de l’avenir. Le site souffre encore un peu d’un manque de dimension humaines, mais c’est justement au travers de l’art et de la Culture que cette dimension peut être apportée.»
Ce projet comprend également la réalisation d’une pépinière éphémère de 41 arbres, sont placés temporairement devant Petite Maison pour créer un espace végétal, ombragé et plus intime, pour les visiteurs. Après la déconstruction du bâtiment, prévue pour la fin de l’année, ces arbres seront replantés sur le Central Square de Belval au terme de l’hiver.
«Petite maison est un point d’ancrage, un nid, une place où il faut être pour contribuer à rendre le monde meilleur», a expliqué l’architecte et porteuse du projet Carole Schmit. «Les 40 partenaires avec qui nous avons développé ce projet représentent plus de 150 volontaires qui ont coopéré de manière très actives tout au long de ces trois années.»
Outre leur aspect esthétique, les matériaux (bois, acier, verre) choisis pour cette Petite maison l’ont été pour leurs propriétés physiques, leur durabilité et leur déconstruction aisée et sans perte, ce qui leur donne un potentiel élevé de réutilisation.
«La Petite Maison est un véritable tremplin vers une construction circulaire plus systématique dans le pays», se réjouit Charles-Albert Florentin, le manager du Luxembourg CleanTech Cluster de Luxinnovation. «Elle permet de montrer concrètement que l’éco-design, la digitalisation, l’utilisation de matériaux sains, de réemploi et démontables, sont devenus incontournables notamment dans une période de raréfaction des ressources.»
Photos: Eric Chenal