Avec le soutien de Luxinnovation, HITEC Luxembourg a rejoint le projet international 5G-Safe-Plus visant à prévenir les accidents de la circulation grâce à l’apport de solutions de communication performantes. Les premiers équipements arrivent sur les autoroutes.
Partout dans le monde, le phénomène de métropolisation touche les grandes villes. Le Luxembourg n’est pas épargné avec sa capitale qui est liée à 49% des déplacements journaliers totaux du pays lorsqu’on inclut sa ceinture suburbaine et les spécificités d’un bassin de vie qui dépasse ses frontières.
Tous les travailleurs, y compris les navetteurs issus de France, Belgique et Allemagne, en font l’expérience dans leurs déplacements quotidiens en rencontrant des problèmes de mobilité (engorgements des routes, risques d’accidents, dégradations environnementales…).
Différents diagnostics des déplacements ont alimenté les réflexions stratégiques au niveau national. Tout récemment, le gouvernement luxembourgeois a présenté le Plan National de Mobilité 2035 (PNM) avec un certain nombre de défis à relever et d’actions ciblées dont la volonté est une approche globale de «réseau routier multimodal» et de mise en cohérence des projets locaux. L’application de ce plan vise à atteindre un objectif de 40% supplémentaire de capacités de transport de personnes à l’horizon 2035 par rapport à 2017.
Parallèlement, depuis plus de 10 ans avec la parution de la directive ITS 2010/40, l’Union européenne supporte des projets innovants dans les «systèmes de transports intelligents» et en particulier la promotion des véhicules autonomes, requalifiés de véhicules «automatisés et connectés» pour partager un futur accessible plutôt qu’une vision trop théorique, voire utopique.
À travers plusieurs études d’impact, ces nouvelles technologies ont montré un apport indéniable à la sécurité routière et aux enjeux de lutte contre le réchauffement climatique. Dès lors, elles font partie de l’ambitieux objectif «Vision Zéro» consistant à atteindre 0 mort ou blessé grave sur les routes européennes en 2050.
Ce n’est qu’avec une large concertation des différentes parties prenantes (experts, industriels, autorités publiques en charges des infrastructures de transports et gestionnaires…) que le choix pourra être fait dans un large catalogue d’applications.
Parmi elles, il apparaît que l’information et la gestion de trafic, la sécurité routière, le guidage vers les parking-relais et les plateformes multimodales, la gestion intelligente des carrefours et l’offre de priorité aux véhicules autorisés en milieu urbain (bus, véhicules d’urgence…) seront les premières à émerger, catalysées par la plus-value évidente offerte par les C-ITS (Cooperative Intelligent Transport Systems) et leur accès à de nouvelles sources de données.
C-ITS désigne un mode d’échange coopératif d’informations entre les véhicules et l’infrastructure et entre les véhicules eux-mêmes, ces différents modes de fonctionnement en temps réel se retrouvent dans les sigles I2V, V2I et V2V… et sont plus communément appelés V2X (vehicle to everything). Au sein du réseau, l’infrastructure routière «connectée» jouera un rôle prépondérant pour soutenir les fonctions d’aides à la conduite (ADAS, Advanced driver-assistance systems).
En pratique, les véhicules sont équipés de capteurs qui détectent des événements (route glissante, choc, freinage brusque…) et d’unités embarquées qui transmettent l’information aux véhicules en amont (V2V – vehicle to vehicle) ainsi qu’au gestionnaire (V2I – vehicle to infrastructure) via des unités de bord de route. Inversement, le gestionnaire peut aussi transmettre des informations de haute qualité, précises et tenues à jour (chantiers, cycles de feux tricolores…) aux unités embarquées dans les véhicules (I2V – infrastructure to vehicle).
En 2018, Volkswagen a lancé la Golf 8, le premier véhicule équipé de ces technologies de série. Depuis, les autres véhicules de la gamme électrique « ID » ont suivis. Certains constructeurs, comme Stellantis, Audi, BMW… et les industriels chinois ont adopté des stratégies mondiales basées sur la technologie cellulaire 5G (C-V2X) et son dérivé appelé PC5 qui permet des connections directes V2V sans passer par le cœur de réseau.
À terme, les deux technologies devraient cohabiter et ainsi être le levier d’un déploiement à grande échelle. L’une et l’autre offrent des avantages qu’il convient de tester au sein de démonstrateurs en conditions réelles.
Au Luxembourg, grâce au soutien de Luxinnovation, HITEC Luxembourg a rejoint le projet international 5G-Safe-Plus afin d’intégrer ces nouvelles technologies V2X et d’évaluer si elles sont aptes à répondre aux exigences de performances attendues en termes de latence et de débit dans des situations critiques. Les premiers équipements ont été déployés sur un tronçon d’autoroute du sud du Luxembourg.
«L’émergence de nouvelles technologies supportant la conduite autonome et connectée représente non seulement un bénéfice en terme de sécurité routière mais aussi un axe de développement économique intéressant pour le Luxembourg», confirme Anthony Auert, le manager du Luxembourg AutoMobility Cluster chez Luxinnovation. «Ces dernières années, nous avons accueilli quelques start-ups proposant des solutions innovantes dans ce domaine, motivées par notre situation géographique offrant des perspectives de développement intéressantes ainsi que par des opportunités de collaboration avec des acteurs historiques tels que IEE ou Goodyear.»
«Les C-ITS sont des technologies innovantes et matures qui bouleversent la manière d’échanger des informations pour les mobilités», ajoute Mohamed Djedai, manager ITS and traffic chez HITEC Luxembourg. «Dans le cas du projet 5G-Safe-Plus on s’intéresse surtout aux solutions de sécurité routière mais plus généralement cette connectivité V2X permet de relever les défis des villes pour les rendre plus sûres, plus propres et intelligentes.»